POURQUOI LE NOUVEAU DPE VA PRENDRE PLUS DE TEMPS ?

Le nouveau DPE arrive au 1er juillet 2021. Avec une méthode harmonisée, et ses nombreuses vérifications pour une traçabilité des données sans faille, le diagnostic exigera davantage de temps sur le terrain. 

En soi, le nouveau DPE n’est pas plus compliqué que son prédécesseur. Techniquement, du moins. On est loin de la précédente réforme de 2012-2013 qui avait vu le nombre de données d’entrée doubler. Et le diagnostiqueur déjà rompu à la méthode 3CL devrait finalement très vite y trouver ses repères. Pourtant ce nouveau DPE va exiger (beaucoup ?) plus de temps. 

Méthode harmonisée

Première explication, l’harmonisation des méthodes. Quel que soit le logement, prière d’utiliser la méthode la 3CL-2021 et rien qu’elle à compter du 1er juillet. On oublie la méthode sur factures qui était obligatoirement utilisée jusqu’à présent, pour le logement collectif ou d’avant 1948. 

En apparence, cela n’a l’air de rien, sur le terrain, c’est pourtant un sacré changement. Car cette méthode sur factures était généralement moins chronophage que la méthode conventionnelle. Moralité, l’harmonisation des méthodes signifiera davantage de temps sur le terrain, un peu plus encore pour les opérateurs qui officiaient dans les grandes métropoles où l’individuel d’après 1948 se fait forcément plus rare. 

Traçabilité sans faille

Autre évolution qui aura un impact sur la durée de la prestation, la traçabilité des données. L’opposabilité suggère désormais que toutes les informations renseignées dans le logiciel soient vérifiées par une mesure, par une observation ou par des documents. Les textes publiés en avril dressent ainsi une liste d’une vingtaine de documents sur lesquels s’appuyer pour réaliser le DPE : factures de travaux, plans, taxe d’habitation, règlement de copropriété… Le diagnostiqueur devra tout éplucher, et naturellement, ce travail documentaire exigera aussi du temps. 

Autant dire que l’opérateur aura plus que jamais besoin du concours du propriétaire ou du syndic qui devront lui fournir un maximum de documents. Il en va de leur intérêt. Car sans possibilité de renseigner une donnée, le diagnostiqueur devra recourir à une valeur par défaut forcément au détriment de la performance énergétique du bien. Par exemple, dans un bâtiment où l’opérateur ne peut accéder à la chaudière, son logiciel considérera qu’il s’agit d’une chaudière au fuel de l’année de construction de la maison. On ne peut pas trouver pire. 

Diagnostic et conseil

Enfin, le nouveau DPE exigera aussi sans doute plus de temps car on sollicitera davantage le conseil du diagnostiqueur. Jusqu’à présent, ce DPE restait un diagnostic à valeur purement informative pour le client, sans grande incidence pour la valeur du bien. Demain, le gouvernement fondera des classes juridiques dessus : interdiction de louer un logement en G à partir de 2025, F en 2028, interdiction d’augmenter le loyer d’une passoire thermique… 

Les implications financières sont autrement différentes et les mesures largement médiatisées ne manqueront pas de susciter de légitimes questions chez les professionnels de l’immobilier, comme chez les particuliers. C’est aussi une évolution du nouveau DPE avec laquelle il faudra compter : s’il reste avant tout un diagnostic, la part de conseil devrait demain se révéler bien plus importante.   

15 Juin 2021